"J'ai choisi de vivre heureux parce que c'est bon pour la santé."

Voltaire


"Le plus fort n'est pas celui qui arrive le premier ; c'est celui qui profite le plus de ce qu'il fait."

Kilian Jornet



08 juillet 2013

Tour de France et Tour de Fête

Ne dites pas que je ne vous l'avais pas dit, c'est écrit .

Tour de Fête rassemble plus d'une vingtaine de jeunes cyclistes pour faire, la veille des coureurs pros, les mêmes étapes du Tour de France à vélo. Belle aventure !
A l'origine du projet, Éric Fottorino. Monsieur Fottorino. Cycliste/journaliste/écrivain, il a tout mis en œuvre pour partager sa passion sur les routes de juillet. J'adore.

Ça me démangeait donc d'aller les accompagner un bout de route et ainsi, participer à ma façon, à cette épopée héroïque. 
D'autant que quelques jours après avoir posté mon précédent message, je recevais une invitation officielle. Il ne m'en fallait pas plus pour me décider à partir, et ce serait sur l'étape Castres-Ax 3 Domaines.

 Joli profil...

La veille, j'appelle mon pote Stéphane de chez Trek. Le connaissant, il doit déjà avoir posé la journée en congé. Exact. Il me dit qu'il va voir les pros à l'arrivée à Albi. Je lui dis de laisser tomber les pros et de venir avec moi. Les pros, on les connait, on les voit à la télé. Ce que je lui propose est différent : on fait le Tour de France ! En moins de temps qu'il ne faut pour se décider, nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin et on se retrouve à 9h30, à Limoux (bien connue pour sa fameuse Blanquette), en tenue, prêt à décoller.

Nous revenons sur nos pas (ou plutôt sur nos pneus...) pour trouver, quelques 15km plus loin, un formidable peloton à plus petite échelle que celui qui passera le lendemain. Pour autant, rien ne manque : voiture ouvreuse, motos pour signaler les carrefours et autres subtilités routières, camions logistiques, voiture médicale, camion atelier/mécanique et un camping-car ! Mais eux sont partis à... 7h30 avec à leur tête, David Moncoutié, tout jeune retraité qui, l'année dernière, finissait malheureusement son dernier Tour de France en "camion pizza" (humour noir dont il est aussi friand que moi...).


Ils sont beaux. Tous leurs vélos sont identiques, un équipementier leur a fourni les casques et les lunettes, et leurs maillots blancs parsemés d'orange sont du plus bel effet dans la campagne audoise... On ne s'y croit pas ; on y est.
La vallée est longue jusqu'au pied du Port de Pailhères. Le soleil est déjà chaud mais les Gorges de l'Aude sont aussi belles que rafraîchissantes. Le groupe va bon train, dans la bonne humeur.

 

On s'arrête à Axat pour le "ravito". Il y a bien des marques diététiques sur la table mais il y a aussi de la quiche, du poulet, du saucisson. Parfait.

On remplit les bidons, les bidous, un coup d'indice 50 et on repart ! Les choses "sérieuses" commencent...

Éric nous dédicace sa dernière réalisation, "Petit éloge du Tour de France". Je le mets dans ma poche arrière, et même si ça fait du poids en plus, je ne le poserais pour rien au monde.

Le quintuple Meilleur Grimpeur de la Vuelta est formel : le Port de Pailhères est le col le plus dur de ce Tour de France 2013. Il culmine à 2001m mais il faut monter 15km à 8% de moyenne pour arriver à son sommet. Soit ; on est bien content d'être de la partie.

La logique est respectée dès les premières pentes. Les forts (garçons et filles) sont devant. Derrière, ça traîne un peu plus, mais n'est-ce pas le meilleur moyen de profiter davantage des paysages ?
David et Stéphane sont dans ma roue. Pour le moment.

Stéphane décroche un peu puis David me demande gentiment de le ramener sur les premiers. Je crois qu'il n'a toujours pas compris qu'on n'était pas fait pareil... 
Finalement, je le "laisse" partir vers ces sommets dont lui seul a le secret. Je fais quelques kilomètres seul puis, trouvant des Normands sur le bord de la route, je m'arrête discuter. On ne se refait pas.
 Les camping-cars sont déjà là... L'ambiance aussi !

 
 La montagne, ça se gagne !
 
Après quelques minutes, Lilian (je vous conseille sa page Facebook relatant son aventure) revient avec 2 compères de route. Ils montent à un rythme plus que correct (mine de rien, ils en sont déjà à une semaine non-stop). 

Quelques centaines de mètres derrière eux, Fanny monte seule. Je l'attends et on continue ensemble. Préférant de loin les sous-bois boueux alsaciens où elle excelle, elle domptera quand même plutôt bien son premier obstacle de juillet. Et ce qui m'a plu, c'est que son sourire inaltéré par la pente incessante, reflète bien le plaisir que prend toute la troupe, jour après jour, malgré des horaires à faire frémir plus d'un syndicat.
Cerise sur le gâteau, on jettera nos dernières forces sur la ligne du GPM au sommet, dans un sprint qui pique les cuisses, comme si on devait s'arrêter juste après. Normal pour une cyclocross-woman de se mettre à la planche, non ?
Pour l'anecdote, je fais 2.



On s'habille un peu car à cette altitude, il fait frais malgré le soleil.
L'habitude sans doute, j'arrive à esquiver un autographe du côté de Jean-Claude (organisateur de l'Ariégeoise), venu pour la paëlla géante et le feu d'artifice prévus en soirée. Ca faisait bien une semaine qu'on ne s'était pas vu !

Éric arrive et prend un peu de repos. En plus d'une banane.
En fait, cet homme mériterait un trône pour son action.
Et le jeune qui lui tombe dans les bras en lui disant merci, m'arrache une larme. Tout est dit.

Après l'ultime ravitaillement, on laisse ce groupe attachant basculer côté ouest, vers Ax-les-Termes.


Mine de rien, avec Stéphane, nous avons un peu plus de 100km dans les jambes et même si le retour vers Limoux est à profil descendant (et surtout au début...), il nous reste 80km avec un léger vent défavorable. Pas grave. C'était tellement magique jusque là que la tête sera plus forte que les jambes. 
Et bien évidemment, jusqu'à Limoux, on n'a pas pu s'empêcher de faire les sprints aux panneaux des villages...



184km de vélo, de soleil, de plaisir, avec peut être seulement le regret de ne pas faire tout ce Tour de France dans leurs roues. Et puis, on gardera ce merveilleux souvenir : on y était !
Et quoiqu'il en soit, au quotidien, je les suivrai ici, en me disant que dans ce 100ème Tour de France, les champions, ce sont eux...



04 juillet 2013

Ariégeoise 2013

Je connais Jean-Claude, l'organisateur de l'Ariégeoise, depuis plus de 20 ans, et à chaque fois que nos chemins se croisaient, il m'encourageait à venir faire son épreuve.
Depuis dimanche, c'est chose faite.

Il faut dire qu'une année sur deux, l'arrivée se fait au Plateau de Beille et franchement, misant toujours sur le plaisir, je me voyais mal finir mes 160km par ce qui, à mon avis, est une des plus dures ascensions du massif pyrénéen. Cette année, nous arrivions à Auzat, dans la vallée alors j'ai dit : "Pourquoi pas ?"

J'arrive vendredi soir et profite de l'hospitalité sans faille de Yannick, Nemesi et D'Artacan (le chien de Yannick). Je ne suis pas seul à dormir sur place. Jean-Denis (je vous conseille son blog), Thierry et Jean-Luc sont venus faire la Mountagnole, la petite sœur (100km) de l'Ariégeoise. Repas presque sportif à base de pizzas, de tortillas maison, de pâtes et Gatosport. D'anecdotes en exploits, on ne se couchera pas forcément très tôt...


On se lève ; le soleil aussi. La météo épargne l'Ariège et le beau temps est aussi de la partie. Quelle organisation au top !

Mon frangin Christian me rejoint à l'aube. Il a finalement pris l'option de faire le grand parcours avec moi. Acte social ? Pas forcément. Il faut dire qu'il est aussi (des fois plus, mais c'est rare) barjot que moi et il a peur de se prendre au jeu de la course sur les 100km. Bien lui en a pris, la journée sera belle.


Le départ est à 8h. On se présente sur la ligne.
Aux couleurs des mobylettes...

Le dossard rend abruti, c'est évident (le mien s'arrachera rapidement en remettant le coupe-vent dans une poche arrière. Un signe...).
Les 25 premiers kilomètres se font avec autant de nervosité que les 25 derniers d'une étape du Tour de France. 37.7km/h de moyenne ! Et des gamelles, bien évidemment. Avec Christian, on se regarde et on se dit qu'on n'est pas là pour faire la course ; on comprend mieux pourquoi les autres regardaient nos sacoches avec dédain...
Début du Col des Marrous, on lève le pied ; il reste 135km...
On se fait doubler par beaucoup de monde mais ça ne va pas durer longtemps. On rattrape déjà les premiers qui explosent de devant. Bouh !

La sacoche sert aussi à l'appareil photo...

Dès le sommet du Col des Marrous (990m), on bifurque sur la droite pour accéder, dans l'ordre, au Col de Péguere (1375m) puis, après un léger replat, au Col du Portel (1432m).
Ne pas ouvrir la bouche quand tu montes depuis 15 bornes,
mon Cricri, tu exagères...
Avec Christian, on s'arrête mettre le coupe-vent (certains prennent le risque de le faire en roulant, pour ne surtout pas perdre de temps...). On mange une barre et on fait une photo.
Et tant pis pour ceux qui n'ont pas profité du paysage...

On repart. Et comme tout est bien fait sur l'Ariégeoise (au bout de 19 ans, on maîtrise. Forcément.), de grands panneaux nous indiquent que la descente est étroite et dangereuse. Avant chaque virage plus accentué, c'est écrit : virage à gauche dangereux, virage à droite dangereux. Alors, quand on voit un (ou plusieurs) gars par terre, on serait presque en droit de sourire. Était-ce pour gagner du temps qu'ils sont descendus tambour battant ? Visiblement, ce n'était pas la meilleure option...

On est à Biert. Ce petit village nous avait accueilli lors de notre traversée des Pyrénées l'année dernière. On tourne à gauche, direction Massat. 
Premier gros ravitaillement. Bonne ambiance, musique, tout est là pour le plaisir. Jean-Claude, qui essaie de déléguer de plus en plus, est là. Bonne humeur, quand tu nous tiens ! On a même droit à une petite interview pour France 3.
Devant nous se dresse la 2ème difficulté. On monte jusqu'à l'étang de Lers (1295m) puis on tourne à droite, direction le Col d'Agnès (1570m). 16km d'ascension où on trouve déjà pas mal de monde en perdition. Sachant qu'en haut, on ne sera pas encore à la moitié de notre périple...
Plutôt joli, non ?

On redescend une dizaine de kilomètres vers Aulus-les-Bains puis on remonte 5km, jusqu'au Col de Latrape (1111m). S'ensuit un long schuss dans la vallée jusqu'à Seix. Là, on se fait rattraper par un groupe d'une trentaine d'éléments. Ils roulent beaucoup plus vite que nous (ils arrivent d'où ?). On se met dans les roues mais je dis à Christian qu'il est hors de question que je me mette dans le rouge pour tenter de suivre ce troupeau de dingues. Même si ça descend. 
On tourne à droite, ça remonte légèrement. Pour autant, les furieux ne ralentissent pas. On fait une pause pipi et on repart tous les deux, au calme. Il y a 10km pour repasser à Massat. Vous n'êtes pas obligés de me croire mais en montant tranquilles, en discutant, on retrouve des attardés (le nom s'y prête bien...) du peloton qui nous a abandonné quelques kilomètres avant ! Ridicule.


Il reste 30km mais ça monte jusqu'au Port de Lers (1517m) avant de plonger sur Auzat. On profite bien du dernier ravitaillement. On s'attaque à la saucisse et au fromage, ça fait du bien, même si la diététique Punch Power a largement fait ses preuves tout au long de la journée.

J'ai beau avoir perdu du poids, quand ça monte "pour de vrai", une certaine logique est respectée : ce que la gravité m'autorise dans les descentes, l'inertie me l'interdit dans les montées (je ne cite pas l'auteur pour ne pas rougir)...
Je prends donc mon mal en patience en profitant du paysage qui est magnifique ; ça tombe bien.


Tout en continuant de rattraper ceux qui pensaient qu'ils perdraient du temps en s'arrêtant aux ravitos.
Heureusement pour nous, dans toute cette masse de cyclistes (près de 700 à l'arrivée...), on a quand même eu la chance de trouver des gens sympas. A l'image d'Alain qui, me voyant m'arrêter prendre une photo pour ce compte-rendu, me dit : "je sais d'où je te connais ! ... Le petit vélo de Sylvain !". Mes parents n'étant donc pas seuls à lire mes délires, il a le droit à sa photo ici :
En haut du col, on remet une dernière fois le coupe-vent avant l'ultime descente qui nous emmène vers l'arrivée à Auzat.
Comme lors d'un championnat régional il y a quelques années avec Christian, on passera la ligne main dans la main, heureux d'avoir partagé une belle journée de vélo. A refaire.


A l'arrivée, un bien beau plateau repas nous est servi. Ça fait du bien.
Après ces agapes, on repart à vélo direction Tarascon, une quinzaine de kilomètres en faux plat descendant. Facile. Du coup, à la sortie d'Auzat, Christian "met un sac" ! Taquin, je contre ! Et ainsi de suite, jusqu'à Tarascon, con ! Il m'énerve quand il est aussi con que moi. M'en fiche, je fais le panneau à Tarascon.

En tout cas, ce fut une journée parfaite. Météo idéale et organisation parfaite, what else ?
Avec Christian, on s'est même attaché à remercier tous les bénévoles à chaque ravitaillements et à chaque carrefour des 40 derniers kilomètres (tout en pensant à tous ceux d'avant). C'est grâce à ces gens plein de bonne volonté que cette épreuve est une réussite. Si quelques uns d'entre eux passent par là (sait-on jamais...), qu'ils fassent suivre le message : MERCI !
Merci également à Jean-Claude, Yannick, Nemesi, un peu moins à D'Artacan qui m'a fait monter (et descendre...) en courant les 2 étages de l'immeuble, 2 fois, après l'épreuve (ça pique les cuisses...) pour un contrôle urinaire virtuel dans le jardin du voisin...

Hier, j'ai reçu la Dépêche de l'Ariège avec les résultats officiels. Ils annoncent un millier de partants sur l'Ariègeoise (grand parcours donc) mais il n'y a que 714 classés... Ils sont où les 30% qui n'ont pas franchi la ligne ? Pas sûr qu'ils aient pris le temps de se faire plaisir jusqu'au bout. Dommage, c'était possible.

Et pour clore, je citerai Kilian Jornet  Burgada (ultra-trail et course à pied en montagne...) :
"Le plus fort n'est pas celui qui arrive le premier mais celui qui prend le plus de plaisir dans ce qu'il fait."

03 juillet 2013

Luz Ardiden Night Experience

Je vous parlais récemment (voir ici) des inondations qui ont tout emporté dans les Hautes Pyrénées ; dont la route du Tourmalet où devait avoir lieu, le 8 juillet et le 5 août, des montées nocturnes à vélo.
J'avais alors écrit à l'Office de Tourisme pour leur proposer une autre ascension, dans le même coin, pour que la vallée reprenne vie au plus vite. Quitte à doubler le prix des engagements pour en reverser une partie à une association qui s'occupe des victimes de la région.
Je ne sais pas si mon idée leur a plu mais en tout cas, la montée aura bien lieu, côté Luz-Ardiden (versant de la vallée faisant face au Tourmalet), le lundi 5 août.
Pour autant, le prix de l'engagement étant resté à 10€, il serait bon que les cyclistes présents (dont je ferai partie...) ce jour-là (et les accompagnants...) pensent à être généreux. C'est le moment de montrer un signe de solidarité.
Venez nombreux, vous ne le regretterez pas.