"J'ai choisi de vivre heureux parce que c'est bon pour la santé."

Voltaire


"Le plus fort n'est pas celui qui arrive le premier ; c'est celui qui profite le plus de ce qu'il fait."

Kilian Jornet



28 septembre 2015

Putain, 30 ans !

29 septembre 1985.
Doc et Marty Mc Fly ne sont pas encore partis dans le futur (tiens, d'ailleurs, vont pas tarder à arriver...).
Je suis en cadet 2ème année au Guidon Sprint Primaubois (près de Rodez). L'année cycliste a plutôt été bonne en terme de résultats même si le 1er mai, à Albi, je m'aperçois que le goudron est plus costaud que ma clavicule gauche.
De repos forcé pendant quelques semaines, j'ai plus de fraicheur que la plupart du peloton en cette fin de saison.

De temps à autre, il m'arrive de sortir de mon Aveyron d'adoption. Et ce jour là, c'est le cas. Direction Muret, au sud de Toulouse. Aujourd'hui, c'est presque une banalité mais dans les années 80, il fallait plus de 3 heures de route, pas forcément mauvaise, parce que les voitures de l'époque, qui en plus de ne pas rouler vite, émettaient à l'unité, plus de CO2 qu'une concession entière de Golf diesel (Je suis Volkswagen !)...

Cette ultime course de la saison est une "Épreuve Test", équivalent d'une manche de Coupe du Monde pour les jeunes de la région. Un classement est établi en fonction des points marqués grâce aux places acquises lors des 7 ou 8 manches (il me semble qu'il y en avait une par département).
En cette année 85, je n'ai participé qu'à celle qui avait lieu en Aveyron (et encore, parce que c'était mon club qui organisait...) et malgré un profil très escarpé, j'avais été chercher, crânement, une jolie 3ème place.

Le circuit de Muret est beau. Le départ et l'arrivée se font devant le lycée Pierre d'Aragon. On escalade la côte qui mène à Eaunes puis, après une longue ligne droite, on tourne à droite sur une petite route qui nous fait éviter le centre de Eaunes. Après un autre virage à droite, on s'attaque à un long faux plat qui nous fait arriver sur une jolie crête surplombant la Garonne. Ensuite, descente rapide sur Estantens et retour vers Muret par le bord, pas toujours plat, de la Garonne.

Il y a 6 tours de 13km au programme, ce qui en fait une des plus longues courses de la saison car jusqu'en juillet, le règlement interdit des distances supérieures à 60km.

Avant le départ, le classement du Trophée des Pyrénées est serré. Les 3 ou 4 premiers peuvent encore le remporter. Du coup, tout le monde se surveille et finalement, toutes les tentatives de fuite avortent rapidement.

Je suis affûté comme presque jamais et en forme. 
Comme à mon habitude, je finis la côte à l'arrière du peloton.
Pourtant, dans l'avant dernière ascension que j'attaque en tête, je finis dans les premiers.
Quelques hectomètres plus loin, Angel Puerta s'enfuit. Personne ne réagit. Je pars à contre temps mais le rattrape assez vite. Je me retourne une première fois, le peloton prend toute la largeur de la route. Bon signe.
On prend rapidement une avance confortable, aucun des deux ne rechignant les relais.
On arrive sur la ligne. Le speaker annonce une prime mais je glisse à mon compagnon d'aventure qu'on ne la dispute pas vraiment et que l'on continue à rouler. Il est d'accord et en plus, me laisse passer en tête.

Alors que l'on vire à droite pour l'ultime montée, il ne relance pas l'allure. Étonné, je lui demande pourquoi et il me répond simplement qu'il arrête parce qu'il a des crampes ! Allons bon !

Chose qui m'a longtemps servi, je n'ai jamais eu peur de ne pas gagner une course et c'est sans doute pour cette raison que j'ai souvent pris les bonnes échappées. Si on perd, ça ne nous fait pas un 2ème trou au c.. mais si on hésite, on est quasiment sûr de ne jamais gagner...

Me voici donc parti pour les 13 plus longs kilomètres de ma "carrière"... Je monte alors comme je peux mais dès que le pourcentage faiblit, j'accélère. 
Je me retourne une première fois ; personne. Je continue mon raid. Je n'ai pas d'oreillette, l'ardoisier est à la pêche, c'est stressant. Je n'ai pas eu mal au cou et pourtant, je ne me suis jamais autant retourné. C'est la première qui me tend les bras alors forcément, je doute.
J'apprendrais après l'arrivée que mon pote Thierry (Titi pour les intimes...) s'est défoncé comme un fou pour contrer toutes les tentatives de retour. Il n'était certainement pas le plus fort mais il voulait que je gagne et ça l'a transcendé. Je ne le remercierai jamais assez même si, quelques mois auparavant, nous avions inversé les rôles du côté de Figeac.
 
Je passe la ligne avec un peu plus de 40 secondes d'avance sur 2 gars en contre dont fait partie mon copain Pascal Galtier, de Castres.
Le peloton toujours verrouillé par Thierry, finit plus loin.
Ça suffit largement et hier, Peter Sagan a même prouvé que pour 3 secondes, on peut être un beau champion du monde.

C'est la première victoire, pas la dernière, et c'est la seule qui méritait que je garde, encore aujourd'hui, la coupe dans mon salon...
2ème année de vélo mais cuisses encore fines...

Pour les puristes (et les vieux), le classement :




Putain, 30 ans ! Et je m'en souviens comme de la première De Lorean...
 

 


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Sylvain,

deux choses, j'ai fait ce circuit en 2002 ou 2003 ça faisait bien mal... Surtout avec la génération d'espoirs (Fabien Frayssigne, Seb Pillion...) qu'il y avait en midi-pyrénées à l'époque.

Ce qui m'épate c'est le classement (Didier Rous, Eric Malbreuil, Galtier, Camacho). Même si c'est en cadet, ça calme et en plus ça cause !

Sylvain Dengreville a dit…

Hé oui, que des... vieux :-p