"J'ai choisi de vivre heureux parce que c'est bon pour la santé."

Voltaire


"Le plus fort n'est pas celui qui arrive le premier ; c'est celui qui profite le plus de ce qu'il fait."

Kilian Jornet



26 mai 2008

La bicyclette et le vélo


Voici un extrait de "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" de Philippe Delerm. J'adore ce livre et ne pouvant que lire ou regarder la télé ces jours-ci, je l'ai reparcouru avec bonheur... Je voulais partager ce passage:

"C'est le contraire du vélo, la bicyclette. Une silhouette profilée, mauve fluo dévale à soixante-dix à l'heure: c'est du vélo. Deux lycéennes côte à côte traversent un pont à Bruges: c'est de la bicyclette. L'écart peut se réduire. Michel Audiard en knickers et chaussettes hautes s'arrête pour boire un blanc sec au comptoir d'un bistro: c'est du vélo. Un adolescent en jeans descend de sa monture, un bouquin à la main, et prend une menthe à l'eau à la terrasse: c'est de la bicyclette. On est dans un camp ou bien de l'autre. il y a une frontière. Les lourds routiers ont beau jouer du guidon recourbé: c'est de la bicyclette. Les demi-course ont beau fourbir leurs garde-boue: c'est du vélo. Il vaut mieux ne pas feindre, et assumer sa race. On porte au fond de soi la perfection noire d'une bicyclette hollandaise, une écharpe flottant sur l'épaule. Ou bien on rêve d'un vélo de course si léger: le bruissement de la chaîne glisserait comme un vol d'abeille. A bicyclette, on est un piéton en puissance, flâneur de venelles, dégustateur du journal sur un banc. A vélo, on ne s'arrête pas: moulé jusqu'aux genoux dans une combinaison néospatiale, on ne pourrait marcher qu'en canard, et on ne marche pas.
C'est la lenteur et la vitesse? Peut être. Il y a pourtant des moulineurs à bicyclette très efficaces, et des petits pépés à vélo bien tranquilles. Alors, lourdeur contre légèreté? Davantage. Rêve d'envol d'un côté, de l'autre familiarité appuyée avec le sol. Et puis... Opposition de tout. Les couleurs. Au vélo l'orange métallisé, le vert pomme granny, et pour la bicyclette le marron terne, le blanc cassé, le rouge mat. Matières et formes aussi. A qui l'ampleur, la laine, le velours, les jupes écossaises? A l'autre l'ajusté dans tous les synthétiques.

On naît bicyclette ou vélo, c'est presque politique. Mais les vélos doivent renoncer à cette part d'eux-mêmes pour aimer - car on n'est amoureux qu'à bicyclette."


Je ne serai pas aussi sectaire que l'auteur en disant que du moment que ça a 2 roues et des pédales, l'amour est possible, à vélo comme à bicyclette... Ou alors, c'est que je suis autant l'un que l'autre...


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je l'ai commencé hier soir ... non il n'est pas encore terminé !!
Bonheur c'est bien le mot à associer à ce livre.
Il me reste encore la moitié à livre et j'ai hâte d'être à ce soir pour me replonger dans chaque petit plaisir que l'auteur décrit si bien !