Pour certains, c'est à l'occasion d'une course ou encore, tout au long de leur saison sous les couleurs d'un club; pour d'autres, c'est une cyclo-sportive ou la sortie dominicale avec les copains, qui leur sert d'épreuve "officielle"; pour ma part, c'est quand je rentre du travail en vélo. Chacun son truc.
Je n'ai pas besoin de dossard pour être Champion du Monde. Un chronomètre me suffit. Je ne cherche pas (ai-je déjà cherché?) à être le meilleur; mon objectif est "simple", faire mieux que la fois d'avant. Faire mieux que moi.
Je ne peux pas taquiner le chrono toute l'année; il faut être lucide. Les longs mois d'hiver passés à éclairer la route dans le froid font partie de la préparation à ces objectifs bi-hebdomadaires. On m'a toujours dit (méthode obsolète?): "moins tu roules vite l'hiver, plus tu roules vite l'été...". Je dois avouer que ça me réussit assez.
Évidemment, je fais ça avec mon vélo "normal". Point de bon "vieux vélo de chrono de la grande époque" ni de bonnes "jeunes cuisses de la grande époque". Je fais avec; ou plutôt sans. Je sais que je ne vais pas vers mes meilleures années niveau performance mais la "sagesse" me fait penser que plus je m'éloigne de la performance, plus je me rapproche du plaisir. L'un n'empêche pas l'autre, certes, mais à défaut d'être performant, autant trouver du plaisir dans ces moments.
Depuis samedi, je roule avec le maillot (au moins quand il est propre...) de mon Maître.
C'est la première fois que je roule avec le maillot d'une équipe pro. D'un côté, je remercie Stéphane pour ce cadeau et d'un autre côté, Cancellara ne le mettra pas pendant un an puisque depuis dimanche, il est champion de Suisse (en attendant mieux...). La densité des porteurs de ce maillot n'a donc pas été chamboulée mais d'autre part, il faut en être digne.
Le parcours de mon championnat du Monde fait 34,7km. Décomposé en 4 parties distinctes:
- la traversée de l'Isle Jourdain (composée d'un feu et d'un peu de circulation, ce n'est pas le meilleur endroit pour tenter de gagner du temps),
- de grandes lignes droites quasi plates dans la Vallée de la Save sur une quinzaine de kilomètres,
- une côte de 1km tout juste, qui me permet de sortir de la vallée,
- de longs faux plats à tendance descendante pendant une douzaine de kilomètres,
- et enfin, 4km tout plats où seul le pont traversant la Garonne à Gagnac, constituant un peu mon "Alpe d'Huez" (référence à un commentaire de Robert Chapatte lors de l'étape Arras-Le Havre (Tour de France 1991), remportée par Thierry Marie après une échappée solitaire de... 234km! Il avait néanmoins profité de l'occasion pour prendre le maillot jaune pour une poignée de secondes (voir ici)).
Depuis quelques semaines, je sens que la forme est là. Mon périple "Océan-Méditerranée" a renforcé ce sentiment. Quelques tentatives de record au retour du boulot m'ont donné raison mais les conditions météo n'étaient pas toujours idéales. Ne serait-ce que la semaine dernière où l'orage et la pluie battante sur les 8 derniers kilomètres m'ont fait échouer pour 5 "petites" secondes.
Ce mardi, le vent est plutôt favorable mais bon, ça fait aussi partie de la "course" et c'est aussi pour toutes les fois où je l'ai dans le nez. Pas à 100% c'est vrai, mais relativement porteur quand même. D'autre part, la pluie est en équilibre et très menaçante. Le deal est simple: ou je bats mon record, ou je me mouille. Et je porte le même maillot que Spartacus...
Dans ma stratégie, je ne cherche pas à gagner du temps dans la traversée de l'Isle Jourdain. Trop dangereux. Quelques secondes arrachées au chrono pouvant me faire perdre beaucoup plus...
Le plus délicat concerne les premiers kilomètres. Je pars sans échauffement et j'ai été très mal habitué, surtout dans ce genre d'exercice. Il faut donc rouler vite mais en souplesse. L'âge ne joue pas non plus en ma faveur. Prudence donc.
Je ne reviendrai pas sur l'importance de la position aérodynamique pour ce type d'effort. Malgré cela, je roule avec des jantes hautes (50mm, pour les connaisseurs) et le vent de 3/4 ou encore les voitures qui me doublent ont tendance à faire guidonner ma monture lorsque je souhaite poser mes avants-bras sur le haut du guidon (position triathlète). Je roule donc les mains en bas en essayant de me coucher le plus possible.
Ce n'est pas non plus dans la côte où je tente de faire la différence. Si je veux gagner 30s (sur 3mn), je ne pourrai pas relancer rapidement une fois en haut du talus. Je ne monterai jamais aussi vite que je roule sur le plat. C'est comme ça, je gère ainsi.
Ensuite, plus beaucoup de questions à se poser.
Une des premières fois où j'ai chronométré (il y a 2 ans), je devais être aux alentours de 57mn (36.5km/h de moyenne). En dessous de 57mn, je ne me suis jamais arrêté devant chez moi. J'arrête le chrono devant la maison mais je continue à tourner un peu dans le quartier pour récupérer un peu. Déjà que je ne m'étire pas, il y a un minimum à respecter.
Jusqu'à ce jour, mon record était de 53'45" (38.73km/h de moyenne), ça me semblait déjà pas mal et je pensais ne le battre qu'à coups de quelques secondes. Et pourtant, cette fois-ci, c'est sans appel: 52'15"! Soit 39.85km/h.
Le prochain objectif est "simple": passer au delà de la barre des 40km/h. Seulement 12s mais qu'il faudra aller chercher.
A suivre...
PS: Et arrêtez de me souhaiter "bon courage!" quand je monte sur le vélo. Il m'en faut plus pour faire le trajet en voiture. Dès que je pédale, c'est du plaisir.
Est-ce que je vous souhaite "bon courage!" quand vous allez au cinéma, à la piscine ou en vacances?