"J'ai choisi de vivre heureux parce que c'est bon pour la santé."

Voltaire


"Le plus fort n'est pas celui qui arrive le premier ; c'est celui qui profite le plus de ce qu'il fait."

Kilian Jornet



11 janvier 2008

Fatigué

"Jamais une statue ne sera assez grande
Pour dépasser la cime du moindre peuplier
Et les arbres ont le cœur infiniment plus tendre
Que celui des hommes qui les ont plantés
Pour toucher la sagesse qui ne viendra jamais
Je changerai la sève du premier olivier
Contre mon sang impur d'être civilisé
Responsable anonyme de tout le sang versé

Fatigué, fatigué
Fatigué du mensonge et de la vérité
Que je croyais si belle, que je voulais aimer
Et qui est si cruelle que je m'y suis brûlé
Fatigué, fatigué

Fatigué d'habiter sur la planète Terre
Sur ce brin de poussière, sur ce caillou minable
Sur cette fausse étoile perdue dans l'univers

Berceau de la bêtise et royaume du mal

Où la plus évoluée parmi les créatures

A inventé la haine, le racisme et la guerre

Et le pouvoir maudit qui corrompt les plus purs

Et amène le sage à cracher sur son frère


Fatigué, fatigué
Fatigué de parler, fatigué de me taire

Quand on blesse un enfant, quand on viole sa mère

Quand la moitié du monde en assassine un tiers
Fatigué, fatigué

Fatigué de ces hommes qui ont tué les indiens
Massacré les baleines, et bâillonné la vie
Exterminé les loups, mis des colliers aux chiens
Qui ont même réussi à pourrir la pluie
La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écœure
Depuis l'horreur banale du moindre fait divers

Il n'y a plus assez de place dans mon cœur

Pour loger la révolte, le dégoût, la colère


Fatigué, fatigué
Fatigué d'espérer et fatigué de croire

A ces idées brandies comme des étendards

Et pour lesquelles tant d'hommes ont connu l'abattoir

Fatigué, fatigué

Je voudrais être un arbre, boire à l'eau des orages
Pour nourrir la terre, être ami des oiseaux
Et puis avoir la tête si haut dans les nuages
Pour qu'aucun homme ne puisse y planter un drapeau

Je voudrais être un arbre et plonger mes racines
Au cœur de cette terre que j'aime tellement

Et que ces putains d'hommes chaque jour assassinent

Je voudrais le silence enfin et puis le vent


Fatigué, fatigué
Fatigué de haïr et fatigué d'aimer

Surtout ne plus rien dire, ne plus jamais crier

Fatigué des discours, des paroles sacrées

Fatigué, fatigué
Fatigué de sourire, fatigué de pleurer

Fatigué de chercher quelques traces d'amour

Dans l'océan de boue où sombre la pensée


Fatigué, fatigué"

Renaud, 1985



P.S.: J'en profite au passage pour remercier le platane au bord du Canal pour ne m'avoir jamais coupé la route en un an et d'avoir pris la pose à chaque fois...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

RENAUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUD!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

il est trop fort ce type !!!

Anonyme a dit…

Quelle patience ces platanes!